Article Développement personnel
L’art des méditations
Portant un parfum de légèreté par excellence, la méditation passe par un zeste de technique et une grande faim d’éveil. Quels en sont les enjeux et comment faire de ses méditations un exercice réussi? Explications de Philippe Demaison, écrivain-philosophe, initié à la pratique soufie et enseignant la Tradition universelle.
Pourquoi les gens viennent à la méditation?
Aujourd’hui une grande majorité des gens y recherchent un facteur de bien-être. D’autres considèrent la méditation comme une pratique qui s’inscrit plus globalement dans une quête exigeante de spiritualité. Ces deux univers distincts ne sont toutefois pas si étanches. Cependant, de nos jours, chacun use des mêmes mots mais de façon bien approximative. Le risque évident est la confusion: que le chemin spirituel glisse vers un voyage d’agrément et d’auto-complaisance. Le danger pour le méditant est d’être facilement égaré et de voir sa sincérité bafouée.
Quels peuvent en être les buts?
Les méditations traditionnelles amènent le cheminant à réaliser sa nature universelle. Par là-même, il recherche à devenir un homme plus complet, un pont entre le ciel et la terre. Au-delà du mental et des émotions, chacun porte en soi des potentialités extraordinaires. Chacun à sa manière va incarner ce lien d’Unité entre l’intérieur et l’extérieur, entre le caché et l’apparent, entre l’intemporel et le temporel. La méditation devient une sorte de médiation. Il y a des étapes à vivre dans la pratique selon les différences des personnes et où elles se situent sur ce chemin. L’exigence croît à mesure que l’on avance.
Quelles sont les aptitudes et dispositions nécessaires à une bonne pratique?
La méditation requiert une capacité de concentration, de la constance et du détachement. Il faut aussi aimer se rendre disponible à soi. L’ouverture du cœur est essentielle, tout comme l’amour de la vie et aussi une forme de courage pour faire face à soi-même. La méditation est une pratique à la fois personnelle et collective. Elle a par essence à voir avec le lien vertical et horizontal. Méditer apprend à dépasser les limites de l’individualité, à franchir le mur de l’égocentrisme. Ce moyen, parmi d’autres, rend intérieurement plus libre. Il permet de s’ouvrir à une dimension plus vaste qui demeure en chacun.
A quoi faut-il particulièrement veiller?
La préparation passe aussi par des enseignements. Beaucoup de gens échouent ou n’évoluent guère car ils sont insuffisamment préparés. Les méditations de type traditionnel vont aider à traverser la densité de sa terre intérieure pour aller à la rencontre de son ciel intérieur. Les techniques préparatoires sont principalement d’ordre énergétique. Le symbolisme, l’enseignement de la science sacrée est capital. Son absence met en évidence les contrefaçons spirituelles. Et Grâce à la pratique guidée, peu à peu naît une conscientisation nouvelle de sa véritable dimension. Mais cela demande d’expérimenter un certain dépouillement, d’accepter une remise en question salutaire. Pour découvrir sa véritable richesse.
Peut-on devenir méditant sur le tard ou est-ce une affaire de précocité, voire de prédestination?
Cela dépend grandement de la destinée de chacun. Certains ont très tôt l’intuition d’un appel et commencent jeunes. D’autres vont y venir plus tardivement. Il n’y a pas de recette toute faite. Pour tous, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Dans la méditation, ce n’est finalement pas tant la quantité qui prime. Dans ce domaine, on peut faire des pas de géant comme des pas de fourmi selon l’intensité qu’on y met.
Selon vous, comment va évoluer la méditation dans le futur?
Les dérèglements du monde vont nécessairement développer un courant spirituel. C’est une réaction normale de l’individu. La problématique ne va pas se situer sur ce réveil à peu près certain mais plus sur les réponses apportées. Certains transmettent des enseignements sans avoir suivi eux-mêmes un enseignement de longue durée auprès d’un maître spirituel qualifié. Il faut être exigeant à ce niveau-là, savoir à qui l’on confie son âme. Il ne nous viendrait jamais l’idée de confier notre corps à un apprenti-praticien!
Propos recueillis par F. Waldburger
Site de Philippe Demaison >