La femme, un jardin sacré

Une grossesse est dans le cheminement d'une femme, peu importe son âge, sa culture, son ethnie ou son statut social, un événement qui s'inscrit dans le sacré de la vie.

Un bouleversement se produit dans le corps, avec ce nouvel être qui, pour se développer, construit un nid à l'intérieur de la mère. Le processus de cette nidification naturelle engendre des transformations, visibles et invisibles, et nécessitent un premier pas d'acceptation de la femme porteuse de cette nouvelle vie, observant son ventre s'arrondir, sa poitrine s'alourdir, tout cela accompagné d'autres changements qu'elle doit apprivoiser.

En soi, l'observation et l'acceptation de cette mutation en elle est la première étape plongeant la femme dans cette merveilleuse aventure qui fera d'elle une mère, celle qui soumet son corps à l'offrande la plus pure de la vie elle-même, celle de la création.

Friands de visible, de concret, de ce que l'on peut voir et toucher, et surtout maîtriser avec notre mental, nous tendons aujourd'hui à décrire, quantifier, qualifier, surveiller, nommer... maints détails et aspects liés au corps physique de la femme et à la croissance morphologique de son enfant. Les progrès de la médecine encouragent cela et ils sont bien sûr à respecter si le besoin est là, à remercier pour les miracles qu'ils permettent parfois.

Mais si nous dépassons la mécanique des corps et ses données médicales et quantifiables, que se passe-t-il ? Comment mesurer et même décrire les perceptions de l'être encore asexué dans ces tous premiers jours d'apparition ? Qui écoute la femme qui ressent profondément dans l'intimité de son ventre comme une lumière différente, une chaleur qui rejoint la sienne, un flux encore inconnu qui s'unit à son propre flux ?

Depuis l'abandon des anciens rituels accompagnant tout événement de passage dans l'existence d'un être, nous nous sommes déconnectés de cette part de sacré qui pourtant nous enlace profondément et s'exprime à ses heures, au long de notre parcours de femme.

Toute à notre joie d'investir cette matière technologique qui rend notre quotidien si confortable, nous avons oublié en chemin cette force de reconnaissance de l'absolu.

Souvent amalgamée aux dogmes religieux en tout genre, ou à l'autorité patriarcale qui les sous-tend, nous l'avons rendue hors-la-loi et avons endormi son pouvoir naturel, celui qui reconnaît notre appartenance au divin, la nôtre et celle de la création que nous portons au creux de nous.

Comment donc exprimer ce lien entre la mère et son fruit, fruit composé de cellules, de sang et d'eau oui, mais puisant également l'énergie nécessaire à sa croissance dans l'Amour inné et les vibrations émotionnelles de celle qui le porte, qui l'entoure ?

Peut-on imaginer un seul instant que cet Amour et ces vibrations quotidiennes, de sa conception à sa naissance, n'ont aucune valeur participative dans ce miracle de la vie qui devient un enfant ?

Alors comment l'accueillons-nous ? Comment l'accompagnons-nous ?

Peut-être sommes-nous, nous les Femmes, invitées aujourd'hui à renouer avec le sacré. Permettons à notre vue intérieure de s'élargir et réinvestissons pleinement notre ventre, connectons-nous avec tendresse à la promesse de vie qu'il contient dans son essence.

Et si nous envisageons, ne serait-ce qu'une journée, que l'intime de nos vibrations et la plus secrète de nos émotions sont perçues, captées par cet être qui s'en nourrit, tout autant que de nos fluides biologiques physiques... en toute conscience, lesquelles préférerons-nous lui transmettre ?

Avec Amour, à toutes les femmes, les mères, les filles, les sœurs, les épouses, les amies,...


Danièle Corthésy, octobre 2013
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