La petite voix de l'ouverture

Dans le flux des confidences échangées avec d'autres, nous entendons, ou déclamons souvent ces réflexions issues de nos propres expériences: "tu manques d'ouverture" ou "c'est bien d'être ouvert, mais beaucoup ont tendance à profiter de toi quand tu l'es trop..", ou encore "je ne fais confiance à personne et je n'ai pas besoin des autres!"...

Mais qu'est-ce que "l'ouverture" ? Comment l'exprimer en confiance sans se sentir la proie des profiteurs en tout genre ou, à l'inverse, s'enfermer dans une méfiance constante qui décourage le moindre élan d'autrui ?

Oui, qu'est-ce exactement que l'ouverture? Évidemment, si nous posons la question à dix personnes différentes, il y a fort à parier que nous obtiendrons dix réponses différentes! Voilà qui est intéressant, car cela éclaire une dynamique contenue dans cette fameuse ouverture : le ressenti personnel. Si nous pouvons donner notre propre définition de l'ouverture, c'est donc que nous reconnaissons en nous ce ressenti, cette petite voix qui nous souffle ce qui est juste pour soi, ou non.

Le hic, c'est que nous ne l'écoutons pas toujours et que nous avons tendance à nous laisser emporter par la marée de nos conditionnements. Plutôt que d'écouter ce qui se dit véritablement en nous, nous sommes hypnotisés par cette voix connue et lointaine issue de notre enfance; cette voix aux relents ancestraux qui nous donne des ordres, en nous assurant qu'ainsi nous serons en sécurité.

Nous avons aussi appris que ce qui est noir n'est pas blanc, nous avons été immergé dans un monde qui ne voit que deux solutions possibles: le vrai ou le faux, le bien ou le mal. Et, comme de braves élèves qui ont bien appris la leçon, nous appliquons ce principe jusque dans nos relations aux autres. Nous sommes ouverts, ou nous ne le sommes pas. Vraiment ?

Et si l'une des clés de ce "monde meilleur" que nous désirons tous voir se manifester était contenue dans notre capacité individuelle à écouter notre vraie voix intérieure, celle qui sait qui nous sommes réellement et ce qui est juste pour nous ? Nous pourrions envisager alors de jeter dans un feu purificateur les automatismes qui ont recouvert notre discernement, et retrouver la confiance en notre guidance. Celle qui nous permet de nous positionner clairement, de collaborer authentiquement, et de sortir de la crainte d'être floué. Ou, à l'inverse, en recherche d'une reconnaissance qui transforme l'ouverture saine en béance où tous les vents s'engouffrent, peu importe ce qu'ils amènent avec eux...

Dans ce monde d'aujourd'hui aux innombrables sollicitations, il nous serait peut-être bénéfique de nous poser ces questions à nous-mêmes : suis-je quelqu'un d'ouvert ? Et si je réponds oui à cette première question, puis-je affirmer alors que je le suis en confiance et par choix désintéressé, ou est-ce que mon besoin de reconnaissance voile cette appréhension que l'autre profite de moi ?

L'ouverture authentique, à autrui, à ce qui se produit dans notre vie, est proportionnelle à l'acceptation de nous-même. Plus nous sommes ouvert à l'intérieur à toutes les facettes de notre être, et donc en paix, plus nous pouvons l'être dans notre monde extérieur, et accueillir les fruits de l'échange dans cet espace de partage qui se crée alors naturellement, sans attente et sans contraintes.

Par Danièle Corthésy
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